URGENCE: Inondations dévastatrices à Madagascar  Des communautés entières menacées par les inondations
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Quelles expériences ont fait de vous le leader humanitaire que vous êtes aujourd’hui ?

De nombreuses expériences ont eu un fort impact dans ma vie, mais si je devais n’en citer que deux, je parlerais tout d’abord de ma première mission avec Medair. J’ai été envoyé en tant que responsable d’équipe pour Medair au Soudan du Sud. Je me suis retrouvé, moi, venant d’un pays développé d’Europe, au milieu de nulle part, face à des personnes durement touchées par les catastrophes naturelles et la pauvreté, des personnes qui n’avaient rien. Ce fut une expérience qui a changé ma vie.

Et plus récemment, je suis allé rendre visite à une mère syrienne et à sa famille, dans un camp de réfugiés en Jordanie. Elle a perdu son mari et son fils aîné durant ce conflit qui dure depuis si longtemps. J’ai réalisé le désespoir et les besoins de ces familles. Ca a changé ma vie mais ça m’a également motivé à agir et tenter de faire quelque chose pour aider ces personnes dans le besoin.

Vous avez démarré votre carrière avec Medair en 1998. Qu’est-ce qui vous a donné envie de revenir chez Medair après toutes ces années ?

Pour moi, Medair est unique. Medair est unique dans son concept. C’est ce que j’appelle « people to people » (placer l’individu au centre). Nous nous rendons dans des endroits où d’autres ne vont pas, des endroits où il n’y a pas de routes et dont les accès sont limités, mais où l’on trouve les besoins les plus grands. C’est notre mandat d’aller là-bas, de nous tenir auprès de ces personnes et de faire de notre mieux pour les aider et leur apporter de l’espoir.

Mais nous sommes aussi là pour mobiliser les gens, les professionnels venus du monde entier. Nous les mobilisons, nous les formons, nous les aidons à développer leurs compétences pour qu’ils deviennent des travailleurs et des leaders humanitaires. J’en suis moi-même un exemple. Après mes études d’ingénieur et de management, je travaillais comme business consultant aux Pays-Bas, et Medair m’a donné cette opportunité d’aller sur le terrain et d’être formé en tant que travailleur humanitaire, puis comme leader.

C’est ça que j’appelle « people to people » (placer l’individu au centre) et qui rend Medair unique. Et pour moi c’est merveilleux d’en faire à nouveau partie.

 

Selon vous, quelle différence Medair fait-elle au sein de la communauté humanitaire ?

Je crois que Medair, avec son approche basée sur l’humain, peut jouer un rôle important au sein du secteur humanitaire ; et d’ailleurs, nous jouons déjà ce rôle. Il y a parfois un risque que les secteurs de l’humanitaire et du développement deviennent comme une entreprise. Ce que nous voulons, c’est revenir à l’essentiel et rappeler qu’au cœur de tout ce que nous faisons se trouvent les personnes que nous servons sur le terrain. Et nous le faisons à travers des innovations. Par exemple, grâce à internet qui est désormais accessible partout dans le monde, nous apportons des smartphones et des tablettes auprès de ceux que nous aidons. Ça peut être au Congo, dans la brousse, ou bien dans un camp de réfugiés, ou en Somalie ou en Afghanistan. Nous allons auprès des familles et nous leur demandons leur avis. Nous leurs demandons quels sont leurs besoins, et comment nous pouvons les servir au mieux. Nous leur demandons également de nous faire part de leurs commentaires pour nous améliorer. Il s’agit d’un partenariat avec eux. Nous leur donnons les moyens de choisir et de développer eux-mêmes leur avenir.

 

En quoi la foi, qui est une des valeurs de Medair, impacte-t-elle votre travail ?

Chaque organisation a ses valeurs. Pour nous, chez Medair, en tant qu’organisation d’inspiration religieuse, nos valeurs sont basées dans la foi chrétienne. Il s’agit de la compassion, la solidarité, la redevabilité, la transparence. Ce sont les valeurs qui nous poussent à agir sur le terrain.

Mais je crois aussi que le fait d’être une organisation d’inspiration religieuse, nous aide dans notre travail au sein de communautés qui sont souvent confessionnelles. Il s’agit de communautés musulmanes, bouddhistes, hindous, chrétiennes, en Asie, en Afrique, au Moyen orient ou en Amérique du sud. Cela nous aide à nous comprendre, à avoir un respect mutuel et des valeurs communes dans notre travail, afin de mieux les aider et servir toute personne dans le besoin, où qu’elle soit et quelles que soient ses origines et ses croyances.

 

Où voyez-vous Medair dans cinq ans ?

Le nombre de crises et de catastrophes naturelles causées par le réchauffement climatique est en constante augmentation. Et les conflits et crises causées par l’homme durent longtemps. Prenez l’exemple de la Syrie, du Soudan du Sud ou de l’Afghanistan.

Selon les Nations Unies, 135 millions de personnes dans le monde ont actuellement besoin d’aide humanitaire. Il y a aussi 65 millions de personnes déplacées, qu’elles soient réfugiées dans un autre pays, ou bien déplacées à l’intérieur de leur propre pays. Ces niveaux de besoins sont inédits. Et dans le secteur humanitaire, malgré l’augmentation des ressources, cela reste insuffisant. L’accès, les ressources, les personnes, l’argent, tout cela est insuffisant.

Cette situation représente en même temps une opportunité. Et c’est ce que nous voyons actuellement dans les discussions au sein du secteur. Comment améliorer notre rapport coût-efficacité ? Comment être plus innovant ? Une grande étude récente s’est penchée sur des actions humanitaires alternatives. Nous ne cherchons pas seulement à faire de petits ajustements, mais nous envisageons un remodelage complet du secteur humanitaire, pour faire mieux avec les moyens que nous avons, et répondre aux besoins croissants.

Il y a une injustice car 1% des personnes les plus riches détiennent 50% des ressources mondiales. Et nous voulons apporter des ressources à ceux qui vivent dans la pauvreté, à ceux qui sont frappés par les catastrophes, pour leur donner l’opportunité de faire leurs choix et de prendre les décisions qui concernent leur futur.  Nous travaillons main dans la main avec le secteur privé, avec les universités, avec les autres ONG, les Nations Unies, les gouvernements, afin de créer une mobilisation en faveur des personnes dans le besoin. Nous cherchons à leur donner les moyens de se relever, et nous voulons leur avis sur l’aide que nous leur apportons.

 

Quel message souhaitez-vous adresser aux donateurs de Medair ?

Tout d’abord je voudrais remercier tous ceux qui soutiennent notre travail. Il peut s’agit de bailleurs de fonds institutionnels avec de gros financements, mais aussi de donateurs privés, avec de petits ou de gros dons, ceux qui font du bénévolat, ceux qui nous accompagnent sur le terrain, ceux qui prient pour nous, chacun a sa place et je tiens à remercier chacun. Je crois dans l’expression qui dit : « si vous aidez un enfant, vous aidez l’humanité ». C’est notre approche. Quelle que soit votre contribution, elle a un impact dans la vie des gens.

Nous voulons aussi encourager chacun à être plus engagé. Nous le faisons à travers les réseaux sociaux ou les événements que nous organisons pour mobiliser les gens. Ils peuvent s’impliquer de nombreuses manières : financièrement, en priant, en donnant, en partant sur le terrain. Ce n’est qu’avec leur soutien que nous pouvons aider ceux qui en ont besoin.