URGENCE: Inondations dévastatrices à Madagascar  Des communautés entières menacées par les inondations
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Pour de nombreux réfugiés syriens, la peur, l’anxiété et des souvenirs douloureux font partie de leur vie quotidienne. « Je ne peux pas donner à mes enfants ce dont ils ont besoin. Nous étions heureux en Syrie, mais à présent je suis déprimé », me raconte Rashid, père de cinq enfants qui vit maintenant au Liban. Comme lui,  beaucoup d’autres réfugiés vivent dans des abris de fortune dans un pays étranger, ne sont pas autorisés à travailler et doivent lutter en continu pour subvenir aux besoins de leurs familles.

Huit ans de crise en Syrie ont considérablement affecté le bien-être psychologique de la population. Selon l’Organisation mondiale de la santé, on estime que plus de la moitié des Syriens ont besoin de soutien psychosocial.

Des membres de l’équipe Medair et des réfugiées syriennes lors d’un exercice organisé dans le cadre d’une séance de soutien psychosocial

Comme les blessures psychologiques sont souvent invisibles, ce besoin est très souvent négligé chez les réfugiés. Mais il serait faux de penser que ces souffrances disparaissent sitôt que ces personnes ne sont plus exposées au danger. Le temps certes atténue la douleur aiguë, mais souvent les blessures demeurent. Elles ont même tendance à être amplifiées par des conditions de déplacement difficiles, le stress quotidien, l’incertitude quant à l’avenir ou encore l’annonce de la mort d’êtres chers dans leur pays d’origine.

Environ une personne sur quatre dans le monde souffre d’un trouble de santé mentale au cours de sa vie. Environ 450 millions en souffrent actuellement, ce qui place les troubles mentaux parmi les principales causes de mauvaise santé et d’invalidité dans le monde. Pourtant, et malgré ces chiffres, l’Organisation mondiale de la santé affirme que plus de 75% des personnes touchées dans les pays à faible ou moyen revenu ne reçoivent aucun traitement. Ainsi, malgré leurs besoins accrus, les personnes en situation d’urgence humanitaire ont encore moins accès aux soins de santé mentale. La stigmatisation, le manque de spécialistes en santé mentale et la qualité limitée ou inexistante des soins contribuent à creuser cet écart.

En intégrant la santé mentale et le soutien psychosocial à sa réponse, la communauté humanitaire peut aider les individus à faire face et les communautés à développer leur résilience. Parmi les activités qui peuvent contribuer à cela, il y a les activités sportives pour les enfants et les jeunes, des espaces dédiés aux enfants et des groupes de soutien pour les femmes. Une participante syrienne à un groupe de soutien organisé par Medair au Liban nous a confié: « Vos séances me donnent l’occasion de parler et de lâcher prise sur tout ce que j’ai vécu. Cela me rappelle également que nous sommes nombreuses dans la même situation. Je ne suis pas seule. »

Dans le cadre d’une séance de soutien psychosocial organisée au Liban, les participantes devaient fabriquer un objet symbolisant un événement qui les a marquées durant la crise. Mariam, une mère réfugiée syrienne, a fabriqué une poupée. Elle représente Sadir, une petite fille de trois ans qui a été retrouvée dans les décombres. Elle a été conduite à l’hôpital, mais ses parents n’ont pas survécu. Sans famille, elle a été recueillie par les proches de Mariam.

Nous ne pouvons pas abandonner les réfugiés syriens et les millions d’autres personnes déplacées de force. En tant que communauté humanitaire, nous ne pouvons pas ignorer la santé mentale et le bien-être psychosocial des personnes à qui nous venons en aide. Si nous le faisons, les conséquences psychologiques du stress traumatique causé par les conflits et les catastrophes pourraient se révéler aussi graves que les catastrophes elles-mêmes. Nous devons certes subvenir aux besoins des victimes en eau potable, en soins de santé et leur fournir un abri sûr, mais nous devons aussi trouver des moyens de guérir leurs traumatismes en leur permettant ainsi de se relever et de reconstruire leur vie. Il est plus que temps d’agir.

Ce témoignage a été publié dans la Tribune de Genève, le 27 juillet 2019.