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Saadya, 75 ans, et les neuf membres de sa famille vivent dans un petit appartement à Amman.

Lors de ma visite, elle m’accueille en m’embrassant chaleureusement, alors que nous nous rencontrons pour la première fois. Elle me présente sa petite-fille Sanaa, 19 ans, dont les jumeaux de 18 mois s’amusent à se courir après tout autour de la pièce. Je fais également la connaissance de son petit-fils Fadyeh, 17 ans, tandis que ses petites-filles Sadye, 13 ans, and Taghreed, 11 ans, attendent gentiment dans la pièce d’à côté.

« Saadya ne veut pas leur faire revivre ce qui s’est passé en Syrie parce qu’elles sont si jeunes », raconte notre collègue Deema, qui rend visite régulièrement aux familles réfugiées. « C’est pour cela qu’elles attendent dans l’autre pièce. »

"Cette crise a fait de nos enfants des adultes ... En Syrie, aucun enfant n'a travaillé." Saadya, 75

Assise aux côtés de Saadya et de ses petits-enfants, je comprends vite pourquoi.

« Nous possédions une ferme et des terres », commence Saadya. « C’était beau. Nous faisions tous partie d’une même famille. »

Cette vie-là s’est envolée le jour où le conflit a atteint leur quartier de Homs. Lorsque les coups de feu ont retenti, Saadya et Fadyeh se sont enfuis à pied pour trouver un endroit où se réfugier.

Dans la maison familiale, le fils de Saadya et sa femme ont rassemblé leurs trois plus jeunes enfants et se sont précipités dans la voiture mais, où moment de partir, un groupe armé a surgi devant eux. La mère a crié à ses filles de se cacher derrière les sièges avant. Ce faisant, elle leur a sauvé la vie. Sadye et Taghreed ont survécu ce jour-là, contrairement à leurs parents et à leur frère de six ans.

Ce sont des voisins qui ont trouvé les deux petites filles et qui les ont amené à Saadya et Fadye, cachés dans une ferme à proximité. Saadya savait qu’ils ne pouvaient plus rester en Syrie. Ils ont donc fui en Jordanie.

Là, ils ont d’abord vécu dans une petite tente, dans le camp de réfugiés de Zaatari, avant de déménager dans un appartement avec un autre fils de Saadya. Leur vie s’est améliorée pendant un temps. « Nous étions heureux. Nous avions un endroit où habiter et nous étions ensemble », confie Saadya.

Malheureusement, leur bonheur a été de courte durée. En effet, pour joindre les deux bouts, le fils de Saadya travaillait illégalement. Il a été pris sur le fait et renvoyé en Syrie.

Saadya pleure depuis le début de son récit et elle me raconte cet épisode, le visage baigné de larmes qui coulent sans discontinuer. « Si j’avais su qu’il serait renvoyé en Syrie, je serais partie avec lui », confie-t-elle, le cœur lourd de chagrin. « Je ne sais pas où il est maintenant. »

Saadya et ses petit-enfants se sont retrouvés avec comme seul moyen de subsistance leurs maigres économies qui s’amenuisaient de jour en jour. Comme beaucoup d’enfants syriens réfugiés, Fadyeh pensait qu’il devait travailler pour aider sa famille tout en sachant que cela pourrait entraîner son expulsion, ou pire celle de toute sa famille. C’était un vrai dilemme. « À cause de la crise, nos enfants sont devenus adultes avant l’heure », affirme Saadya. « En Syrie, aucun enfant n’avait besoin de travailler. »

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Fadye, Taghreed et Sadye (de gauche à droite)

Quand notre équipe a entendu parler de Saadya et de ses petits-enfants, nous avons mis en place un versement mensuel de 125 dinars jordaniens en espèces (175 dollars américains). Cet argent les aide à couvrir leurs besoins urgents comme le loyer ou les dépenses de santé. Fadyeh n’a donc pas besoin de travailler de manière illégale pour subvenir aux besoins de la famille. Certes, cet argent ne résout pas tous leurs problèmes mais cela les soulage un peu de la pression quotidienne pour survivre, à laquelle ils sont soumis depuis leur arrivée de Syrie.

« Avant l’aide apportée par Medair, nous ne pouvions pas aller chez le médecin », confie Saadya. « Nous voulons remercier Medair de penser à nous. Ne nous oubliez pas ! »

Les familles syriennes sont déchirées par la crise. Des millions d’entre elles sont séparées par des frontières ou ne savent pas où se trouvent certains de leurs membres. Au-delà des besoins physiques auxquels ils font face pour pouvoir survivre ou repartir à zéro, tant de réfugiés portent le traumatisme de ce qu’ils ont enduré et de ce qu’ils continuent d’endurer.

Medair fournit aux familles syriennes comme celle de Saadya, ainsi qu’aux familles jordaniennes vulnérables, une aide financière en espèces qui leur permet de subvenir à leurs besoins les plus urgents. Nous leur apportons également un soutien psychosocial et des bons en espèces pour couvrir leurs dépenses en matière de soins de santé. Ce travail vital est possible grâce à vos dons mensuels. Rejoignez-nous aujourd’hui.


Le travail de Medair en Jordanie est rendu possible grâce au soutien de la Direction suisse du développement et de la coopération, de l’Union européenne, de Chaîne du Bonheur et grâce à la générosité de nos donateurs privés.

Ce contenu a été élaboré à partir de ressources recueillies par le personnel de Medair sur le terrain et au siège. Les points de vue qui y sont exprimés n’engagent que Medair et ne reflètent en aucun cas l’opinion officielle d’autres organisations.